La musique, les effets sonores et les technologies numériques dans le cinéma de science-fiction contemporain - Texte 1

Depuis les années quatre-vingt-dix, la révolution numérique a transformé le cinéma hollywoodien. Aujourd’hui, les films sont:

tournés sur support numérique, le son est enregistré en format numérique; le montage son et le montage image se font par ordinateur […] et les effets sonores sont […] produits à l’aide de synthétiseurs et d’échantillonneurs permettant de générer des strates d’effets numériques [ajoutés en postproduction][1].

Peu de bandes sonores, y compris celles qui présentent des partitions d’orchestre, sont enregistrées sans « renforcement électronique[2] ». Des bruits de synthèse étranges, dissonants, voire menaçants, ont ainsi fait le succès de nombreux films de science-fiction sur des monstres, des dystopies ou de dangereux extraterrestres venus de l’espace. Bien sûr, toute musique de film doit être interprétée en lien avec la « trame narrative » qu’elle accompagne, car ce sont « les relations entre la musique et les autres éléments du film[3] » qui donnent sens à celle-ci. Même « les effets sonores sont généralement déterminés en fonction de leur pertinence en regard du récit[4] ». Pour saisir l’impact du numérique sur la composition musicale hollywoodienne, on doit donc étudier l’usage de cette technologie dans des films précis.

L’emploi cinématographique de sons générés par ordinateur ne date pas d’hier. Il y a soixante ans, des sons électroniques dissonants et agressifs immortalisaient la bande originale de Planète interdite (Forbidden Planet, 1956). Quinze ans plus tard, les synthétiseurs rythmaient l’univers sordide d’Orange mécanique (A Clockwork Orange, 1971). Aujourd’hui, les technologies d’échantillonnage offrent des possibilités presque infinies, permettant de transformer « la musique en son, puis inversement [et] de traiter des musiques préenregistrées avec une fonction équivalente[5] ». Ainsi, même dans la bande-son particulièrement « lourde, agressive et fracassante » de Matrix (The Matrix, Lana et Lilly Wachowski, 1999), des timbres abrasifs côtoient à la fois « une musique dissonante de style “avant-garde” truffée de clusters et d’agrégats [… et des pièces pour orchestre] d’une grandeur quasi wagnérienne[6] ». Le récent remake américain de La Guerre des mondes (The War of the Worlds, 2005) présente une partition symphonique atypique de John Williams à laquelle se greffent des sons numériques assourdissants de cornes de brume, d’explosions, de cris et de combats entre les humains et les tripodes, autant d’ajouts qui ont contribué au succès du film.

À partir de 1990, les bandes sonores des productions hollywoodiennes incluent souvent des bruits d’ambiance non musicaux qui viennent perturber les éléments musicaux habituels. Dans District 9 (2009), une histoire d’extraterrestres parqués dans un bidonville sud-africain, des bruits d’hélicoptères et de coups de feu se mêlent à des sons générés par ordinateur pour créer un fond sonore quasi musical. Matrix, le récit d’une prise de contrôle par les machines si bien camouflée qu’elle passe presque inaperçue, conjugue des tubes de rock heavy métal, les bruits de la ville et des musiques de synthèse. Dans la scène culte du hall d’entrée, le son des tirs en rafale instaure un rythme régulier qui éclipse la musique pop.

Type de document (média)

Texte nativement numérique

Créateur

Éditeur

TECHNÈS

Date de diffusion

2020

Langue

fr

Format

text/html

Droits

© TECHNÈS, 2020. Certains droits réservés.

Licence

Identifiant

ark:/17444/98839g/2187

Date de modification de la fiche

2020-12-15
2022-10-18

Se conforme aux schémas

Export