Synchronisme son-image - Texte 7
Pour que les deux opérateurs soient libérés de ce « fil à la patte », une liaison HF a d’abord été utilisée pour transmettre le signal. Mais c’est le diapason que les frères Mayles ont utilisé à partir d’une montre Bulova qui a donné l’image du principe : celle d’une horloge comme référence commune. C’est l’utilisation d’un nouveau composant, le quartz, qui concrétise ces premières expérimentations en mettant au point un système d’asservissement fiable. En oscillant toujours à la même vitesse, cette « horloge » électronique envoie un signal qui permet à chacun des moteurs de régler sa vitesse sur une référence stable.
Pour permettre l’enregistrement synchrone, il fallait également que la caméra légère soit silencieuse. Or, aucune caméra légère ne l’est avant l’industrialisation de l’Éclair 16 en 1963[5]. Commercialisée en Amérique sous le nom de NPR (Noiseless Portable Reflex), l’Éclair 16 a rencontré un succès mondial en devenant la première caméra légère autosilencieuse. En revanche, les premiers moteurs commercialisés avec la caméra ne permettaient pas la synchronisation avec le magnétophone. En effet, ces moteurs mis au point par Perfectone pour l’Éclair 16 étaient bruyants, pas assez fiables et imposants : la caméra portable se trouvait condamnée au trépied. En 1966, un jeune chercheur en électronique, Jean-Pierre Beauviala, présente à Éclair le circuit d’asservissement qu’il a conçu en utilisant de nouvelles composantes (des circuits intégrés, une roue tachymétrique plus précise et un comparateur de fréquences). En devenant ingénieur-conseil pour la firme française, Beauviala adapte ensuite ce système au moteur BEALA d’Éclair, qui reste imposant et bruyant. Il faut attendre 1971 pour qu’un moteur compact et silencieux soit commercialisé pour l’Éclair 16 par Aaton, concrétisant une dizaine d’années après les débuts du cinéma direct la promesse de la caméra légère et synchrone, et résolvant ainsi l’équation du bruit, de la légèreté et de la précision du synchronisme.
