Une caméra au musée, avec les autres vivants - Texte 4

Enfin, l’équipe sélectionne deux sculptures de bronze : « Wounded Comrade » (Camarade blessé), sans doute sa plus connue, et « Lion and Buffalo » (Le lion et le buffle) offrant une représentation dynamique de ces deux animaux en plein combat. Par souci de visibilité, nous décidons d’exposer les photos d’expédition en grand format, mais nous incluons aussi un négatif sur verre pour illustrer la technologie de l’époque. Ceux d’Akeley étant trop fragiles pour être exposés, nous achetons un négatif circa datant de 1910 sur un site de ventes aux enchères. Sous l’inspiration de l’archiviste photo Nina Cummings, nous retenons également une série de photos prises par Akeley en 1896. Elles montrent un homme somalien jetant une lance, dans de multiples poses qui, observées l’une après l’autre, évoquent un mouvement à la Eadweard Muybridge.

Une fois les objets choisis, le directeur de production, Michael Paha, déterminera l’emplacement et la taille des socles, puis les nettoiera et, lorsque nécessaire, les remettra à neuf. Gloria Chantell, conceptrice graphique, se chargera du graphisme tandis que Kyoji Nakano, concepteur 3D, s’occupera de la conception spatiale et du placement des objets sur les socles. C’est lui qui proposera aussi un éclairage par l’arrière du négatif sur verre. Tout le monde s’accorde sur le fait qu’une exposition sur une caméra devrait comprendre un film. À cette fin, le Safari Museum de Chanute a l’amabilité de nous autoriser à projeter des extraits de Simba (1927), le film de Martin et Osa Johnson en partie réalisé avec une Akeley et dont certaines séquences furent même tournées par Akeley lui-même. Notre producteur vidéo, Simon Watson, monte quelques scènes de l’expédition et sélectionne des passages dans lesquels figurent des personnes utilisant une Akeley. Ces séquences offrent une illustration saisissante de ce dont cette caméra était capable. Pour parfaire l’expérience muséale du visiteur, Simon sélectionne quelques pièces de Chopin (des Nocturnes, je crois) comme musique d’atmosphère. Pendant ce temps, Ryan Schuessler, installé à l’arrière d’un camion traversant la campagne bosniaque en quête d’une pièce d’exposition sur les anciens Balkans, rédige les étiquettes.

En parallèle, nous tiendrons des rencontres hebdomadaires pour faire le point sur l’avancement du projet et peaufiner plusieurs aspects, ainsi que des réunions d’étape pour obtenir les approbations du service des expositions. Le processus se déroule sans heurt. Mais même la préparation d’une petite exposition, dans une tout aussi petite galerie, exige plus de travail et de mains que l’on pourrait se l’imaginer. Celle-ci aura duré en tout plus de quatre mois et nécessité la contribution de plus de quarante personnes. En cours de route, nous trouvons le titre définitif : Mr. Akeley’s Movie Camera, « La Caméra de M. Akeley ».

Vers la fin juin, l’installation débute sous la supervision de Mike Paha et l’exposition s’ouvre le 20 du même mois. Le public est au rendez-vous. Contre toute attente vu son envergure limitée et son sujet plutôt niché, l’événement reçoit même une bonne couverture médiatique. Le critique Steve Johnson note, dans le Chicago Tribune, qu’il serait aisé de passer à côté de l’événement, d’autant que l’exposition se tient en même temps que deux autres plus en vue : Mummies et Antartic Dinosaurs. « Pourtant, ajoutera-t-il, cette petite exposition de la Brooker Gallery, consacrée à la quête ayant animé toute sa vie Carl Akeley, le père fondateur et le premier taxidermiste en chef du Field, rejoint, en plein cœur, la mission de ce musée. »

Type de document (média)

Texte nativement numérique

Créateur

Alvey, Mark

Éditeur

TECHNÈS

Date de diffusion

2023

Langue

fr

Format

text/html

Droits

© TECHNÈS, 2023. Certains droits réservés.

Licence

Identifiant

ark:/17444/964491/6172

Date de modification de la fiche

2023-06-22

Se conforme aux schémas

Est un média associé au contenu

Export